La piqûre de l’enregistrement
À mon neuvième anniversaire, mes parents m’ont offert un petit dictaphone en cadeau. J’enregistrais alors tout: ma voix, mes inventions sur le piano et des entrevues avec quiconque avait le malheur de se trouver sur mon chemin. C’est à ce moment que la démangeaison de la captation débuta. La science de l’enregistrement c’est l’art de cristalliser une performance musicale dans le temps, de capturer l’éphémère, ou encore de composer entièrement en studio.
D’un angle conceptuel, l’enregistrement s’étend entre deux pôles. À un extrême, il y a la prise de son d’une performance live, sans aucune retouche ou balance des sons après coup. Plusieurs albums jazz des années cinquante possèdent cette qualité. À l’autre extrémité du spectre, on retrouve des albums entièrement faits depuis un ordinateur, sans capturer un son depuis un microphone. Cela dit, la plupart des albums de musique sont le fruit d’une combinaison de ces approches.
Les étapes afin d’aboutir à un album
Voici un survol rapidement du travail que je fais afin de sortir un nouvel album pour mon groupe Wouf Wouf. La période de composition, là où je compose la musique et les paroles d’une pièce, est celle dont la durée est la plus volatile. Tout d’abord, certaines pièces se manifestent toutes seules, d’un seul coup, propulsé par des muses invisibles. Par contre, la plupart des chansons nécessitent beaucoup de sueur et de travail. Il s’agit d’une quête d’équilibre afin de trouver le petit morceau manquant et de suivre le fil d’Ariane.
Après la composition, il y a la période de gestation, comme une fermentation ou un bon vin, la pièce vieillit et gagne en maturité. Dans mon cas, elle est pratiquée en groupe et son orientation finale se dessine. Par la suite, c’est le moment de la préproduction, c’est-à-dire que nous enregistrons une version préliminaire avec les moyens du bord, on décide du tempo final et nous préparons notre séjour au studio.
Au studio, c’est la prise de son des éléments de bases, comme la batterie, la basse et le piano. Nous faisons appel à un ingénieur de son qui place, savamment, une collection de microphones à la batterie, afin d’en enregistrer le meilleur son possible. S’en suit l’édition, un processus laborieux que j’aime bien, il s’agit de repasser au peigne fin toutes les prises et de s’assurer que tous les éléments soient bien ensemble. C’est un peu l’équivalent d’aligner les objets sur un bureau fraîchement rangé.
Une des plus longues étapes, l’enregistrement de la voix, requiert le plus d’effort et de minutie. Après tout, sans une piste de voix qui évoque la bonne émotion et le bon ton, les chansons tombent la plupart du temps dans l’oubli. On approche de la fin de l’enregistrement, avec l’ajout d’instruments, c’est le moment d’assaisonner la pièce avec des maracas, de la tambourine et de la guitare. On vient ainsi accentuer les moments clés de la chanson.
Ça termine le bloc d’enregistrement, il reste après le mixage, le matriçage, la diffusion et les relations de presse… J’aurai le plaisir de vous partager la suite du processus de création d’un album lors d’une prochaine chronique!
Alexis Dionne
Directeur Artistique, Académie des porteurs de musique
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