Ballade no. 1 en sol mineur

Rédigé par Alexis
Directeur artistique de l'Académie des porteurs de musique, j'enseigne depuis plus de 10 ans le piano. Je continue aussi de composer et de jouer dans divers groupes de musique et entre les concerts et l'enseignement, je me passionne pour la cuisine et les jeux vidéos!

15 mai 2024

Ballade no. 1 en sol mineur

https://youtu.be/06-puNWFuMQ?si=RwGYmiie6CCvQnw2

Libre à vous, mais je vous suggère de mettre en fond l’interprétation de Pollini de la Ballade no. 1 de Chopin, facilement trouvable sur toutes les plateformes de diffusion continue (YouTube, Spotify ou encore Apple Music) afin de bénéficier au maximum de cette courte chronique en audiorama.

Afin de mieux comprendre le chef-d’œuvre qui se déploie devant nos oreilles, imaginons-nous une Europe en restructuration après les guerres napoléoniennes. Le vieux continent voit naître le Second Empire colonial français, l’Empire allemand et l’expansion de l’Empire britannique. À travers les perturbations géopolitiques émergent les consciences nationales et les sentiments patriotiques plus puissants qu’auparavant. À l’est, la Pologne s’insurge contre le tsar Nicolas Ier qui résulte en la chute de Varsovie. C’est donc sa Pologne natale que Frédéric Chopin fuit pour s’installer définitivement à Paris.

C’est un avec un coup de tonnerre et une montée en octaves que Chopin ouvre sa première ballade. Au cours des 9 à 10 minutes suivantes (selon les interprétations), le compositeur nous fait visiter les régions tumultueuses, les fêtes joyeuses et vivantes et les parfums nostalgiques de son enfance. Le premier thème, entendu à 0:35, laisse graduellement entrevoir les prémices des torrents de notes à venir. C’est à 1:56 que les remouds s’agitent. Je vois dans mon esprit Chopin contraint de quitter sa famille, laissant derrière lui sa contrée pour toujours.

Le deuxième thème, à 2:45, est beaucoup plus intime. La mélodie, comme un ruban qui virevolte, nous fait voyager. On assiste à une des caractéristiques très importantes du compositeur, sa capacité de faire chanter le piano. Instrument d’illusion, l’interprète réussit à créer un fil d’Ariane qui nous tient en haleine jusqu’au retour du premier thème à 3:55.

Avec les accords dissonants et son rythme saccadé, le premier thème nous prépare à l’explosion du de retour du deuxième thème qui arrive très vite à 4:22. Gloire et puissance, jubilation et extase! Les avalanches de notes, d’accords, d’arpèges et de traits de gamme se fracassent à 5:08 pour devenir une fête endiablée. On tourne jusqu’à s’en étourdir, les rires disjonctés deviennent essoufflés. On se pose une toute dernière fois à 6:40. Le premier thème retonte une dernière fois avant de nous propulser vers la finale, la coda.

C’est à 7:10 que le Chopin condense à 3 pages une montagne virtuose qui effraie de nombreux pianistes (le chroniqueur ici en question entre autres). C’est un grand galop, une meute affamée qui zieute une proie, une tour d’assiettes qui se fracassent. Le souffle coupé et le temps figé, quelques secondes après le dernier accord, nous commençons à saisir qu’en à peine neuf minutes, le compositeur nous a fait voyager de la Pologne à la France, quitter les amis et en rencontrer de nouveaux. Pendant quelques minutes, notre ballade était accompagnée.

Alexis Dionne
Directeur Artistique de l’Académie des porteurs de musique

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