Petit air de Noël.

Rédigé par Alexis
Directeur artistique de l'Académie des porteurs de musique, j'enseigne depuis plus de 10 ans le piano. Je continue aussi de composer et de jouer dans divers groupes de musique et entre les concerts et l'enseignement, je me passionne pour la cuisine et les jeux vidéos!

15 mai 2024

Petit air de Noël.

La lueur des lumières de Noël se jette depuis les fenêtres sur le grand manteau blanc de l’hiver. Les voitures entassées dans les entrées, et qui débordent comme un ventre trop rempli, laissent deviner les fêtes et les réjouissances en cours. Il y a tellement d’ingrédients qui font de Noël Noël : les traditions culinaires, les visites et la visite de trop, et bien sûr la musique.

Le double rôle du cantique

Au Québec, l’histoire de la musique de Noël est riche et possède en elle-même plusieurs repères historiques. Le cantique est un chant populaire datant du milieu du 16e siècle. Il voyage de la France à la Nouvelle-France. À l’origine religieux, il se veut court et facile à retenir. Graduellement, il s’est métamorphosé afin de devenir un chant social.

Ce genre musical prit de l’importance ici en tant qu’instrument d’évangélisation des Premières Nations. Notamment avec les Jésuites et les Ursulines qui disséminèrent les cantiques sur le territoire.

Suite à la conquête, vers 1760, le cantique se dédouble dans sa fonction. Outre son rôle prosélytique, il devient porteur d’une mission d’affirmation linguistique. Les francophones enclavés par l’occupation anglaise utilisent les chants comme manière de préserver langue et culture. Ainsi, à la fin du 19e siècle, le cantique est fermement enchâssé dans la société québécoise, ses racines sociales et religieuses interdépendantes.

De ces cantiques, nous conservons, entre autres, Ça berger et Les anges dans nos campagnes. Les compositeurs au 19e siècle commencent à populariser des airs encore très populaires aujourd’hui, tel le Minuit, Chrétiens, d’Adolphe Adam, joué pour la première fois en 1847.

Avec la révolution des outils d’enregistrement et de diffusion au début du 20e siècle, l’offre musicale effectue un virage. Le chant religieux s’éclipse au profit de chansons mettant en son cœur les veillées et l’esprit du temps des fêtes.

Révolution musicale

La Bolduc publie en 1930 C’est dans l’temps du jours de l’an. Avec son accordéon et son ambiance festive, cette chanson annonce le changement de paradigme des années à venir. La Famille Soucy sort dans les années 1950 Prendre un verre de bière mon minou et Prendre un p’tit coup c’est agréable. Vous comprendrez que ce n’est pas simplement un hommage au vin de messe.

Les artistes populaires quant à eux tentent aussi de percer le marché lucratif de la chanson de Noël, soit avec des compositions originales : Robert Charlesbois (Marie-Noël, 1967), Beau Dommage (23 décembre, 1974), La Bottine Souriante (La tourtière, 1994) ou encore Tricot Machine (Combien de Noël, 2008), ou encore avec des reprises, Fernand Gignac (Le bonhomme de neige, 1962), Ginette Reno (Joyeux Noël, 1972) et Marie-Michèle Desrosiers (C’est l’hiver, 1996).

Outil de préservation social par-ci à vers d’oreille inopiné par-là, les airs de Noël évoquent une multitude de souvenirs. À travers son histoire et ses rôles, les chansons du temps des fêtes offrent une vitrine vers notre passé. Avec la mondialisation de la période des fêtes et la multitude de musiques qui nous confirme hors de tout doute raisonnable qu’il faut effectivement célébrer, il est reste un quelque chose de réconfortant à chanter les chansons que les grands-parents de nos grands-parents eux aussi chantaient.

De la part des membres de l’Académie des porteurs de musique, Joyeux Noël!

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