Mon toit devient un tambour quand dame nature pleure la fin de l’été. Un martèlement constant, un léger clapotis, une sorte de trame de fond qui accompagne les journées pluvieuses. Ce sont ces murmures qui m’invitent à vous partager quelques pièces de piano qui représentent l’eau sous ces multiples facettes.
Comme certaines de mes autres chroniques en audiorama™, je vous suggère d’écouter les pièces en cliquant directement sur les titres.
Debussy – Reflets dans l’eau (L. 110)
Pour se plonger (ah!) dans le vif du sujet, Debussy (1862-1918) est un compositeur français associé au mouvement impressionniste. La pièce évoque les humeurs changeantes de l’eau, tantôt trépide et soudainement agitée, tantôt calme et stagnante. Du léger bouillonnement à 0:40 aux vifs éclats vers 1:40, la pièce se meut et se faufile. Le dernier segment, vers les 4 minutes, me fait beaucoup penser à Clair de lune. Comme si entendue à travers une masse d’eau : déformée et aux angles tordus.
Chopin – Océan, Op. 25 no. 12
Alors que Debussy présente les tournants d’une rivière de printemps, Chopin (1810-1849) s’inspire de l’eau en mouvement. Le mouvement incessant d’un océan vengeur. Nous sommes sur une embarcation et, dès les premières notes, nous sommes plongés au cœur d’une tempête. Les vagues se brisent contre la coque de notre bateau. Nos voiles perdent la bataille contre le souffle d’Éole et, au loin, les grondements du tonnerre ne nous rassurent guère. Avec une fin tout aussi animée, c’est difficile de décider des gagnants : l’océan ou nous, les fous, qui avons essayé de le conquérir.
Salvatore Sciarrino: Anamorfosi
Le ridicule de devoir parcourir une certaine distance de marche sans son parapluie. Passé un certain point, quand nos vêtements pèsent le triple tellement ils ont épanché leur soif, vaut mieux en rire qu’en pleurer. De toute façon, qui peut voir des larmes sous la pluie ? Sciarrino (1947) s’amuse à assembler Singin’ in the rain et Jeux d’eau (Ravel). Toute en légèreté, cette miniature est joviale et nous rappelle qu’avoir les pieds mouillés, ce n’est pas la fin du monde.
Liszt – Légende No. 2, S175
Finalement, Liszt (1811-1886) utilise la légende de Saint-François de Paule, qui aurait franchi, à pied, le détroit de Messine. On peut s’imaginer le patron des marins italiens marcher allégrement par-dessus les vagues et les torrents. Une main droite qui avance à la surface, un fleuve de double croche. Un exemple parmi tant d’autres du génie technique et créatif de Liszt : on entend le détroit se fracasser vers les 4 minutes. Une grande épopée !
Considérant les limites du piano (instrument percussif et sans vibrato), je reste estomaqué face aux prouesses créatives des compositeurs. Que l’eau, sans contour et en constant changement, puisse être ainsi capturée et représentée, me fascine.
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