Trop tard pour apprendre?
Malgré le Nouvel An discret, il est possible que vous ayez songé à des résolutions. Qui sait, peut-être certains et certaines d’entre vous se sont donné comme objectifs l’apprentissage d’un instrument de musique. Que ce soit un rêve de toujours, ou encore de renouer avec une pratique de notre enfance, la nouvelle année est un moment propice pour se lancer. Cela dit, nombreux sont les adultes qui se posent la question : est-il trop tard. Certes, la carrière du concertiste est souvent réservée à ceux et celles qui débutent tôt, mais pour les gens qui cherchent à développer une compétence en musique, il n’est jamais trop tard.
Pourquoi apprendre la musique en tant qu’adulte
La question se pose : pourquoi faire de la musique? Simplement dit, car elle nous apporte du plaisir. Le travail de l’instrument apporte une gratification personnelle magnifique. Pour les uns c’est un travail pour soi, mais pour d’autres, c’est le désir de partager la musique avec des proches qui en est au cœur.
Outre la satisfaction d’apprendre, la littérature scientifique abonde sur les bienfaits de l’apprentissage musical chez les adultes : l’exercice de la musique ralentit le déclin cognitif1. Quatre mois d’apprentissage du piano aident à l’attention et la planification chez les 70 ans2. La pratique de l’instrument alimente la réserve cognitive.
Les outils et les obstacles
L’apprentissage de la musique chez les adultes diffère de l’apprentissage chez les enfants. Effectivement, elle présente des obstacles uniques, mais aussi des avantages. Nous observons des obstacles sur le progrès imaginé, la difficulté d’y accorder le temps nécessaire et la difficulté des pièces pratiquées.
Un des obstacles les plus importants chez l’adulte qui débute est le décalage qui existe entre le sens du goût et le résultat obtenu. Cette barrière psychologique freine l’élan et amène un jugement négatif de sa propre performance. Ainsi, lors de votre travail musical, évitez les phrases du type : « ça devrait être facile » ou encore « je devrais être capable ».
Apprendre un instrument, c’est aussi de pratiquer chaque jour. Initialement, nous avons l’image du pianiste qui s’acharne huit heures afin de peaufiner un passage. Aussi noble ce sentiment soit-il, il est inutile de bloquer l’entièreté de votre journée pour votre travail instrumental. Fixez-vous un objectif quotidien, environ 15 à 20 minutes, et travaillez-y.
Soyez honnête par rapport à la difficulté des pièces que vous apprenez. Un des dangers qui guette les débutants est de vouloir travailler des pièces considérablement trop difficiles. Chopin et Beethoven devront attendre un peu. Cela dit, il existe une panoplie de magnifiques pièces pour tous les niveaux.
Un outil simple, mais très efficace, est de maintenir un journal de pratique. Notez-y ce que vous avez pratiqué, vos difficultés et vos succès. C’est un manière simple de se tenir responsable de son travail et de la qualité de celui-ci.
Comment s’y lancer?
Comme on dit, « le meilleur moment pour planter un arbre était il y a 20 ans, le deuxième meilleur moment c’est maintenant. » Si jamais vous attendiez d’entreprendre un instrument, aujourd’hui est un bon moment pour débuter. Plusieurs outils sont à votre disposition : les écoles de musique, les formations en ligne et les livres pour adultes!
Alexis Dionne
Directeur artistique de l’Académie des porteurs de musique et professeur de piano
1Rochon, M. (2018). Le cerveau & la musique: Une odyssée fantastique d’art et de science. Montréal: Éditions MultiMondes.
2Peretz, I. (2018). Apprendre la musique: Nouvelles des neurosciences. Paris: O. Jacob.
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